Chauves-souris: Le Muséum de Genève fait le grand ménage dans toute la Suisse parmi les différentes espèces d’oreillards

12.04.2018, Bettina Erne
Trois espèces de chauves-souris à très longues oreilles existent sur le territoire et sont trop souvent confondues par les naturalistes chargés de leur protection. Grâce aux résultats d’une recherche faisant intervenir une combinaison inédite d’outils génétiques, les chiroptérologues suisses peuvent repartir sur un bon pied pour protéger ces espèces actuellement menacées au niveau national.

Le Muséum de Genève a enfin démêlé l’écheveau des oreillards de Suisse. Ces chauves-souris, caractérisées par de très longues oreilles, sont représentées par trois espèces en territoire helvétique : l’oreillard brun (Plecotus auritus), l’oreillard gris (Plecotus austriacus) et l’oreillard alpin (Plecotus macrobullaris). Ces chauves-souris se ressemblent tellement qu’une grande confusion s’est peu à peu glissée dans l’identification et la connaissance du statut et de l’aire de distribution de ces espèces en Suisse depuis une quinzaine d’années. Il était ainsi devenu difficile de connaître la répartition de chacune d’elles et de savoir quelle espèce était ou non prioritaire en matière de protection dans les cantons, comme à l’échelon fédéral.

Le Muséum de Genève a joué au super-héros scientifique et fait le grand ménage en procédant à l’analyse génétique (ADN) de centaines d’échantillons de toutes les régions du pays. Si plus de 130 spécimens provenaient de ses importantes collections d’histoire naturelle, quelque 200 échantillons supplémentaires concernaient… du guano. En plus d’être un excellent engrais, les déjections des chauves-souris permettent en effet d’étudier ces animaux sans les déranger, étant source de nombreuses informations sur leur identité ou leur mode de vie. C’est donc tout un réseau de naturalistes de terrain du Centre de coordination suisse pour l’étude et la protection des chauves-souris (CCO/KOF), qui réalise un travail déterminant dans les domaines de la connaissance, de la pédagogie et de la protection des chauves-souris, qui s’est activé pour transmettre au Muséum des crottes provenant des quatre coins de la Suisse.

Cette vaste étude génétique nationale publiée dans la Revue suisse de Zoologie, éditée par le Muséum de Genève, permet de remettre à jour les connaissances sur ces espèces : l’oreillard brun se rencontre dans toute la Suisse, l’oreillard gris existe uniquement dans le massif jurassien et le sudouest du Plateau et l’oreillard alpin uniquement dans les Alpes et le Tessin. Cette étude a en outre permis de réviser des caractères morphologiques qui permettent dorénavant de distinguer ces espèces de manière sûre sur le terrain. Cette nouvelle image faunistique et les nouveaux outils génétiques développés permettent d’affiner et de consolider la protection de ces chauves-souris menacées, car centrée sur les zones et les colonies les plus sensibles, et notamment sur l’espèce la moins répandue, l’oreillard gris. (Communiqué de presse Museum de Genève)

+ accès à l’article scientifique : https://tinyurl.com/ycaw8sfq